Ressources humaines, services clients, commerciaux ou financiers : les données ne sont plus destinées à alimenter de simples tableurs. Leur exploitation est essentielle dans la stratégie de l’entreprise. Une étude de Datasulting, pour l’Observatoire de la Maturité Data des Entreprise, affirme que 85 % des dirigeants sont convaincus de cet état de fait (source). Parmi les logiciels métiers qu’il faut connecter figurent les solutions SaaS (Software as a service). Comment connecter plusieurs de ces logiciels entre eux ?
Interconnexion des logiciels en mode SaaS : définition
L’interconnexion des logiciels en mode SaaS, ou interopérabilité, permet un échange compatible de données en temps réel entre deux logiciels distincts. Contrairement à l’intégration des logiciels, il n’y pas de volonté de centraliser les informations des différentes applications pour fusionner ces dernières en un système cohérent.
L’interopérabilité participe malgré tout à l’automatisation de processus informatiques comme le BPA (automatisation des processus métier) (source). Elle se sépare en trois niveaux distincts (source) :
- L’interopérabilité technique ressemble à un langage universel que partagent les logiciels afin de communiquer sans erreur. Il repose sur différents protocoles de communication, ainsi que des interfaces de programmation standardisées comme les API (interface de programmation d’application).
- L’interopérabilité sémantique s’appuie sur la compréhension du sens des données échangées. Les logiciels s’accordent sur un vocabulaire contrôlé et partagé que l’on appelle norme terminologique.
- L’interopérabilité organisationnelle se base sur la collaboration et le partage d’informations entre les parties prenantes. Les données sont alignées avec les objectifs et les flux de travail de l’entreprise.
6 solutions pour connecter plusieurs logiciels entre eux
En plus de l’industrie, l’interopérabilité concerne des secteurs d’activité stratégiques : soins médicaux, administration publique, sécurité, défense, intelligence artificielle, etc. (source). Découvrons les différents moyens de connecter les logiciels entre eux pour gagner en productivité et en fiabilité.
L’API (interface de programmation d’application)
L’API est la solution la plus directe et la plus flexible pour établir une communication entre deux logiciels. Cette application repose sur un ensemble de règles ou de protocoles pour permettre l’échange de requêtes et de réponses entre le client et le serveur. Elle est disponible en open-source, comme les API ouvertes (source), ou peut être créée sur mesure pour un usage interne.
Les API sont polyvalentes et accélèrent le développement des logiciels grâce à l’intégration des données et des fonctionnalités. Leur présence est attestée autant dans les solutions SaaS que dans l’Internet des objets (IoT), les réseaux sociaux ou les applications de navigation. Elles offrent une certaine sécurité au système informatique grâce à des accès réglementés (identifiant, en-têtes HTTP, cookies). Néanmoins, si les connexions se multiplient (“effet spaghetti”), l’accumulation des interfaces rend leur entretien plus difficile (source).
Par exemple, une entreprise de voyages en ligne propose plusieurs services de réservation (vols, hôtels, voiture de location, etc.). Or, chaque service dispose de sa propre base de données. Si ces bases restent indépendantes les unes des autres, leur gestion nécessite un temps et un coût considérables.
C’est pourquoi les sociétés partenaires de l’entreprise (compagnies aériennes, chaînes hôtelières, etc.) ont tout intérêt à lui fournir des API. Grâce à ces interfaces, l’entreprise de voyages accède en temps réel aux disponibilités, aux offres spéciales et aux tarifs de ses partenaires. En mettant ces informations à disposition de ses utilisateurs, leur expérience client n’en est que plus satisfaisante et l’application est d’autant plus recommandée.
Les web-services : une forme spécifique d’API
Le web-service est considéré comme une forme particulière d’API. Contrairement à l’interface de programmation d’application, le web-service ne dépend pas d’un hébergement sur le logiciel utilisateur ou la plateforme éditrice, mais juste d’Internet (source). Autrement dit, le web-service est un API accessible uniquement sur le Net, tandis que les autres APIs peuvent être locales ou distantes. L’accessibilité depuis le Web facilite l’intégration des web-services sur différents types d’applications.
Les protocoles de communication les plus utilisés sont XML, HTTP et JSON (source). Le HTTP est un protocole de transport d’informations qui sert exclusivement à la communication. Les protocoles XML et JSON permettent de structurer les informations échangées entre le client et le serveur. Le XML récupère les interrogations du logiciel, tandis que le JSON transmet les données.
Pour une entreprise de production de jus de fruits, les web-services apportent les bénéfices suivants pour améliorer leur chaîne logistique :
- L’intégration des systèmes de gestion avec les fournisseurs agricoles. L’entreprise suit en temps réel les données sur la quantité de fruits disponible, les dates de récolte ou les conditions de livraison.
- La communication avec les distributeurs. L’entreprise suit les ventes en temps réel grâce aux web-services RESTful des supermarchés ou des détaillants, sous format JSON. Elle peut ajuster sa production en fonction des fluctuations du marché.
- La traçabilité et la conformité. Les web-services mettent en relation l’entreprise avec des organismes de contrôle. Ces derniers se renseignent en toute sécurité sur l’origine des fruits, leurs contrôles qualité, ainsi que leurs processus de production.
À savoir : le SOAP (Simple Object Access Protocol) est un protocole de communication basé sur le XML pour l’échange de messages structurés. Il est plus standard que le REST (Representational State Transfer), qui est un style d’architecture pour concevoir les services web à partir de protocoles HTTP standards. Le REST convient mieux aux services web modernes à cause de sa flexibilité.
Les middlewares : un pont entre deux applications
Le middleware crée une « liaison logicielle » entre différentes applications ou composants dans un réseau distribué (source). Il se base sur des outils pour faciliter la communication entre des plateformes normalement incompatibles. Parmi les types de middlewares, nous retenons les deux suivants :
- L’ESB (Enterprise service bus) consiste à lier les intégrations entre les applications à un composant logiciel centralisé. Celui-ci transforme les modèles de données ou convertit les messages pour faciliter la communication entre les services de l’entreprise. L’interface peut être réutilisée pour de nouvelles applications, mais sa maintenance et sa mise à jour s’avèrent difficiles à gérer.
- Le MOM (Middleware orienté messages) traduit, transforme et achemine les messages dans un ordre souhaité. Il correspond aux files d’attente de messages ou aux courtiers de messages.
La plate-forme iPaaS (plateforme d’intégration en tant que service)
La plateforme iPaaS est un middleware spécifique qui fonctionne sur un cloud privé, public ou hybride. Ses interfaces visuelles et ses modules glisser-déposer, disponibles en low-code ou no-code, la rendent plus accessible, contrairement aux autres middlewares.
Un grand nombre de solutions SaaS sont connectées à un hub central, à partir duquel elles s’échangent leurs données. Cela permet d’automatiser certaines tâches comme :
- La synchronisation des données clients du CRM (Gestion de la relation client) avec les commandes ou les stocks de la plateforme de e-commerce.
- La connexion de différents flux de données avec des logiciels ERP (Enterprise resource planning). Cela déclenche automatiquement l’envoi d’une facture, l’envoi de techniciens sur un projet ou une assistance aux clients.
Même si ces workflows correspondent à un modèle d’intégration SaaS, l’iPaaS est également une solution d’interopérabilité. Sa connectivité universelle grâce à des connecteurs prédéfinis, ainsi que la conversion des données pour les rendre compatibles aux différentes applications, en font partie. Sa flexibilité et son évolutivité en font une solution durable en fonction de l’évolution des besoins.
Ces avantages accélèrent les processus et réduisent les erreurs humaines, augmentant la rentabilité de l’entreprise. Mais la résolution de leurs problèmes nécessite une expertise technique.
Les connecteurs spécifiques ou personnalisés
Certaines entreprises optent pour des solutions tout-en-un (Microsoft 365, Google Workspace) car ces dernières proposent des connecteurs intégrés aux logiciels. Ces outils connectent plusieurs types d’applications, à l’instar de Gmail, Google Drive et Google Calendar pour les outils Google. Cette solution est simple à utiliser, prête à l’emploi et ne nécessite pas d’outils tiers pour interconnecter les logiciels.
Cependant, malgré leur simplicité, les connecteurs natifs sont limités aux logiciels dont ils font partie. Vous ne pouvez ni personnaliser les workflows, ni corriger des soucis de connexion entre les applications. Même si ces solutions se veulent accessibles au plus grand nombre, certains logiciels nécessitent un temps d’apprentissage pour profiter pleinement de leurs fonctionnalités, comme Excel.
D’autres entreprises préfèrent développer leurs propres connecteurs de manière interne. Cette stratégie se base sur la recherche d’une adaptation parfaite des applications aux besoins métier. Mais le développement peut s’avérer long et coûteux. En effet, de nombreuses étapes techniques sont essentielles comme :
- cartographier les processus ;
- déterminer les données à transmettre ;
- mettre à jour le connecteur ;
- développer par itérations (source).
Les webhooks, ou points d’ancrage Web
Le webhook permet à une application d’envoyer des notifications à une autre lorsqu’un événement spécifique se produit. Ce faisant, la deuxième application n’a pas besoin d’interroger régulièrement la source pour savoir ce qu’il se passe (polling).
Il se présente sous la forme d’un rappel HTTP qui envoie une notification sur une URL unique lorsque l’événement se réalise. Il peut s’agir d’un achat sur l’application ou de l’enregistrement d’un nouveau contact sur votre CRM (source). Vous pouvez stocker cette notification en attendant de la traiter (push) ou la transmettre lorsqu’il s’agit de déclencher des actions, à travers un script (pipe).
Avec un webhook, l’automatisation des messages permet aux informations de circuler plus vite, contrairement aux sondages. En reposant sur des protocoles standards comme HTTP, il facilite la communication entre des logiciels très différents. Cependant, le webhook est dépendant du réseau Internet et la sécurisation des données personnelles nécessite des protocoles rigoureux.
Un service de gestion de projets en ligne peut utiliser des webhooks pour améliorer la collaboration entre ses équipes. Par exemple, une tâche se termine ou un commentaire est posté sur une plateforme (par exemple, Trello). Le webhook envoie de suite la notification correspondante sur une autre application où se trouve l’équipe (comme Slack). Celle-ci n’a plus besoin de vérifier manuellement l’action sur la première plateforme, réduisant ainsi ses délais de réaction.
Les avantages de l’interconnexion des logiciels pour les entreprises
Chaque solution a ses avantages et ses inconvénients. Néanmoins, une étude menée par MARKESS en 2018 (source) met en avant les principaux enjeux de l’interopérabilité pour le secteur des Ressources Humaines :
- L’automatisation des processus à partir d’une base de données unique. Les logiciels seront capables de s’adapater aux langages spécifiques des uns ou des autres, renforçant leur fiabilité.
- L’augmentation de la visibilité sur le traitement et l’intégration des données, grâce à l’évolutivité. Les entreprises bénéficieront d’une analyse plus rapide afin de prendre les meilleures décisions quant aux fluctuations du marché.
- L’amélioration des services et la réduction des coûts grâce à la suppression de tâches à faible valeur ajoutée. Les services RH, comme d’autres services de l’entreprise, pourront mieux se concentrer sur des besoins prioritaires pour satisfaire et fidéliser les clients.
Les logiciels en mode SaaS peuvent communiquer ensemble grâce à trois grandes solutions : les API, les middleware et les webhooks. Les web-services et les plateformes iPaaS sont des solutions spécifiques de plus en plus développées. Chez Idéematic, nos applications web et mobiles sur mesure sont appréciées pour leur flexibilité et leur évolutivité. Découvrez des solutions qui vont améliorer la communication et la productivité de vos équipes.