Usenet : l’autre réseau à (re)conquérir !

Culture web
Par willy aboulicam
24 juin 2013
Usenet

Présent depuis les origines et bien plus ancien que le web, le réseau Usenet, parfois désigné sous le nom de « newsgroups » ou groupes de discussion en français, est un univers à part, à la fois riche, puissant et généreux. Si certains annoncent son déclin, il demeure pourtant précieux.

Echanger, partager, diffuser la connaissance, mettre en commun : telles étaient pour la majorité des hackers qui ont contribué à son élaboration les principales raison d’être d’un réseau des réseaux. Le réseau Usenet (Unix User Network), a ainsi été créé en 1979 par des étudiants de l’université de Caroline du Nord et de Duke, spécialement pour remplir ces fonctions. Son principe, inchangé depuis, est celui des listes de diffusion : des utilisateurs réunis autour d’un thème contribuent à alimenter des discussions dont chacun des membres du groupe peut profiter. Les messages sont postés sur le groupe en question, lui-même hébergé par un serveur, et aussitôt accessibles à tous ceux qui y sont abonnés. Ce réseau de serveurs est indépendant du réseau internet : il possède son propre protocole, et c’est ce qui le distingue des forums de discussion apparus bien plus tard sur le web. Dédiés principalement aux débats et aux échanges d’informations, les newsgroups diffusaient essentiellement du texte. Espace d’échange et de partage indépendant des géants du web, non marchand, dénué de publicité, anonyme et doté de vitesses de téléchargement très supérieures aux services en ligne, Usenet possède encore les qualités que l’on avait rêvées pour l’ensemble du net. C’est là qu’est née la fameuse nétiquette, le code de bonne conduite des contributeurs. C’est aussi sur Usenet qu’est apparu le terme de spam, qui désigne des courriels non sollicités à caractère commercial. Avec le temps, le nombre de groupes s’est multiplié, et la nature des informations échangées s’est diversifiée. Usenet compte aujourd’hui plus de 100000 groupes, et on y échange aussi bien des poésies et des recettes de cuisine que des films, des photos ou de la musique. Il est d’ailleurs considéré par certains comme la meilleure alternative aux sites de téléchargement en peer to peer.

Concrètement, Usenet est constitué de divers serveurs répartis dans le monde. Ces serveurs, désignés sous le terme de Newservers, hébergent tout ou partie des groupes et nécessitent un abonnement spécifique, gratuit ou payant, ainsi qu’un logiciel de lecture dédié. Vu comme ça, Usenet pourrait paraître un univers réservé aux initiés. C’est pourtant surtout par manque d’information que le grand public l’ignore le plus souvent. Car il suffit, sur la plupart des logiciels de messagerie (Entourage, Outlook, Thunderbird…), de créer un compte de News pour avoir accès à la presque totalité d’Usenet. A condition toutefois que votre fournisseur d’accès vous offre l’accès à son serveur de News. C’est encore le cas de Free, avec son service news.free.fr, mais plus d’Orange qui a supprimé ce service le 11 mars dernier. Orange a motivé cet arrêt par une baisse du trafic et a diffusé à ses abonnés une liste des serveurs de News gratuits.

Une fois le compte créé, il suffit de télécharger la liste des groupes et de choisir ceux qui vous intéressent. Ce dernier s’affichera parmi les boîtes de courriels et déroulera la totalité de ses contributions disponibles, que vous pourrez consulter comme vos autres messages. Il existe aussi des logiciels dédiés à la lecture de News, comme le gratuit NiouzeFire+ ou encore Unison. La plus grande difficulté sera de choisir au sein d’un maquis de dizaines de milliers de groupes. C’est généralement leur nom qui indique leur contenu, en utilisant un vocabulaire spécifique, vous trouverez ici (http://usenet-fr.news.eu.org/checkgroups.html) une liste commentée des groupes francophones. Mais ce sont surtout les groupes internationaux dont les noms commencent par alt.binaries qui ont le plus de succès. Comme leur nom l’indique, ils sont dédiés à l’échange de fichiers binaires, c’est à dire des images, des films, des musiques. Pour ces derniers types de fichiers, il existe des moteurs de recherche spécifiques accessibles sur le web, tel newzleech, et binsearch.

Au-delà ce cette dernière utilisation que d’aucuns peuvent considérer comme une dérive, Usenet demeure un réseau mal connu, où l’on partage sans vendre, où l’on aide sans se montrer, où l’on informe sans servir des intérêts.

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2 commentaires

  • Le 2 juillet 2013 à 15:07

    > Ce réseau de serveurs est indépendant du réseau internet

    Ce n’est pas plutôt indépendant du web ? Sans le réseau Internet, je pense que usenet ne serait qu’une belle idée sur le papier, juste sur le papier.
    En tout merci de cette présentation, je ne savais pas si usenet n’était qu’un autre nom pour les newsgroup, il semblerait que oui ^^

  • Willy Aboulicam
    Le 4 juillet 2013 à 16:52

    Oui, en effet, Internet n’est pas le Web, mais bien le réseau des réseaux, et à ce titre Usenet en fait partie. Mais non, on ne peut pas vraiment dire que c’est l’autre nom des Newsgroups. Usenet est bien constitué de groupes, mais tous les « newsgroups » ne sont pas Usenet. Des services sur le web tels que Google Groupes permettent d’accéder au contenu d’une partie des newsgroups d’Usenet, mais leur fonctionnement est différent. Usenet est bien un monde à part du web, accessible avec des logiciels dédiés et utilisant un protocole distinct. Des passerelles existent, mais le plus souvent elles limitent et altèrent le fonctionnement et la philosophie d’Usenet.

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